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Romain Desgranges revient sur sa saison exceptionnelle !

Le 16 novembre 2017

Romain, peux-tu nous résumer ton exceptionnelle saison 2017 ?

Elle a commencé par un mois de juillet inespéré. Je n’arrivais pas très en forme sur le premier rendez-vous de la saison, le Championnat d’Europe de Campitello di Fassa (ITA). Loin de ces « super-pouvoirs » dont on profite en général en début de saison, lorsqu’on se sent fort et indéboulonnable sur le mur. Mais tour après tour, j’ai réussi à poser ma grimpe et fini par prendre un 2e titre européen. 

 

Sur les premières étapes de Coupe du monde, qui ont suivi de près le championnat continental, je reste sur ces sensations très moyennes, mais avec l’envie de me battre et de poursuivre sur cette lancée. Cela fonctionne à Villars (il prend l’or, ndlr), ça marche assez bien à Chamonix (il sort la voie mais reste bloqué au pied du podium, ndlr) et je retrouve la première marche du podium à Briançon, puis prends une dernière victoire importante, fin septembre à Edimbourg (SCO). Cette médaille d’or écossaise a amorcé une bonne dynamique pour la fin de saison et m’a donné une avance confortable au classement général.

 

 

Comment as-tu vécu ta tournée chinoise, les étapes de Wujiang et Xiamen en octobre ?

J’ai commencé la saison avec des sensations moyennes, je suis arrivé épuisé à l’automne. Une fatigue générale, pas seulement physique. Compte-tenu du calendrier, j’avais organisé ma préparation pour être au top en juillet. Ce départ sur des chapeaux de roues en termes de résultats m’a contraint à garder le même niveau d’intensité, très élevé, sur les étapes suivantes : pas question de mettre cette belle avance au classement général en péril. Conséquence, j’en ai payé le prix en Chine. 5e à Wujiang sur une petite erreur et 22e à Xiamen, la catastrophe. 

 

As-tu été déçu par ces résultats ?

Oui, car même si je n’étais pas au top physiquement, en allant en Asie, j’étais à bloc : je voulais plier le plus tôt possible cette quête du titre de fin de saison. Et finalement, au contraire, j’ai laissé mes concurrents directs se rapprocher de moi.

 

Il restait donc un résultat à faire sur la dernière étape de Kranj !

Oui, même si en réalité, j’avais quand même pas mal de marge : il me fallait prendre une des quatorze premières places pour être assuré de prendre le titre, sans me soucier des performances de mes concurrents. C’est tout de même peu fréquent que je termine hors du top 10. Donc je me suis mis dans le tête que c’était acquis, pour me débarrasser de la pression, et grimper plus sereinement.

 

Tu termines 9e sur la dernière étape de Kranj, est-ce que ce résultat t’a déçu ?

Un peu oui, mais c’est une déception vite oubliée (rires). Même si étrangement le fait de m’être convaincu, stratégiquement, que le titre était acquis, ça a enlevé un peu de l’émotion que j’ai ressenti sur le podium. 

 

Être le meilleur grimpeur au monde en 2017, est-ce un rêve qui se réalise ?

Oui, c’est indéniable. Lorsque j’étais un enfant, j’ai eu la chance d’assurer la légende François Legrand au Championnat du monde à Chamonix. Et je grimpais dans du 6a à cette époque. Mais je me suis dit que je voulais un jour être champion du monde, comme lui. Alors je ne suis pas encore champion du monde, mais la victoire au classement général, c’est un sacré aboutissement !

 

Tu places la victoire au classement général en dessous d’un titre de champion du monde ?

Dans ma conception, oui. Mais tout le monde prétend l’inverse (rires). Lorsque je suis descendu du podium en Slovénie, Jakob Schubert, Mina Markovic et quelques autres légendes de l’escalade sont venus me féliciter, en me disant que j’étais un modèle pour eux. Et c’est là que j’ai réalisé que ce titre, c’était quand même un truc énorme !

 

Mais toujours moins glorieux qu’une victoire au Championnat du monde pour toi ?

Quand je suis descendu de ce podium, je parlais par messages avec mon entraîneur. Et la conclusion de cet échange, à peine un quart d’heure après cette dernière Marseillaise de la saison : il reste 10 mois avant les Championnats du monde d’Innsbruck, quand est-ce qu’on commence la préparation ?

 

Tu n’as donc pas envie de prendre un peu de vacances, de te déconnecter de l’escalade ?

J’aime vraiment travailler dur au gymnase, j’adore l’entraînement. Je suis plutôt en train de négocier avec Fabrice (Judenne, son entraîneur à Chamonix, ndlr) pour reprendre l’entraînement dès le mois de décembre (rires). Cette belle saison m’a donné les crocs !