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Cécile Avezou et Fanny Gibert, entraîneure à entrainée

Le 1 juin 2018

Quel a été l’élément déterminant de votre rencontre ?

Fanny Gibert : Depuis plusieurs années, je m’entraînais avec Nicolas Januel, entraîneur national de l’équipe de France de bloc. A son départ, je me suis très vite mise à la recherche d’un nouvel entraîneur. J’ai rapidement pensé à Cécile Avezou, car nous nous connaissions un peu, nous avions déjà échangé sur le sujet, et j’aimais beaucoup sa vision des choses, son approche de l’entraînement et sa manière d’aborder les difficultés rencontrées.

Cécile Avezou : Fanny Gibert est venue me voir au cours de l’été 2017. J’ai été très enthousiaste à cette idée, car il est de notoriété publique qu’elle est une athlète très sérieuse à l’entraînement. Mais étant moi-même entraîneur national de l’équipe de France de difficulté et Fanny une athlète en bloc, j’ai pensé que notre fonctionnement pourrait être compliqué. Finalement, avec l’autorisation de la fédération, nous avons pu nous mettre au travail dès septembre.  

Comment fonctionnez-vous, à l’entraînement ?

C. A. : Nous avons tout d’abord pris le temps de poser des bases solides : au cours d’un long entretien, Fanny Gibert m’a parlé de ses projets, de ses objectifs à court, moyen et long termes. J’ai trouvé l’ensemble très cohérent. Nous avons alors mis en place des règles de fonctionnement pour notre coopération. La plus importante, et qui s’impose toujours, reste celle de « tout se dire ». Etre complètement authentique l’une envers l’autre, pour éviter les malentendus, les non-dits et établir une relation vraiment saine.

F. G. : Cécile m’a proposée de nous voir en moyenne une fois par semaine. C’est un rythme que nous arrivons généralement à tenir et qui me convient parfaitement. Je me suis donc installée tout prêt de chez elle, à quelques minutes à vélo. C’est très pratique.

C. A. : Fanny jongle parfaitement entre ses études d’ingénieur à Lyon et son entraînement vers le plus haut niveau. Généralement, elle est sur Paris et nous pouvons nous entraîner ensemble. Parfois chez moi, dans ma « salle de torture » (rires) au sous-sol. Elle est pleine d’appareils de musculation et d’équipements pour la préparation physique. Puis, nous allons souvent dans des salles d’escalade ou au gymnase de la poterne, à Massy. Il arrive néanmoins régulièrement que Fanny soit en déplacement. Dans ce cas, elle m’envoie des films et des vidéos des exercices qu’elle a mis en place et m’offre des retours réguliers et très complets de ses entraînements et ressentis. C’est optimal pour moi, car j’arrive vraiment à suivre ce qu’elle fait.

Comment voyez-vous la relation coach/athlète ?

F. G. : Pour moi, cette relation est cruciale dans l’entraînement de haut niveau. Mon ancien coach m’avait vraiment beaucoup apporté, mais les changements que Cécile a enclenchés m’ont fait gravir une nouvelle marche. Changer d’entraîneur dans une vie d’athlète, à mon avis, c’est très important, surtout si l’on sent que des choses bloquent, que l’on n’arrive plus à avancer. Depuis toutes ces années d’entraînement, j’avais beaucoup évolué et gagné en autonomie. Je pense que j’arrive à me gérer relativement bien. Néanmoins, il est également vital d’avoir un coach personnel qui te suit à 100%, quoi qu’il arrive. Je sens que Cécile est vraiment impliquée dans cette préparation et surtout qu’elle croit en moi. C’est un soutien très fort et très important.

C. A. : Au début, je me suis demandé si nous y arriverions. Fanny bouge beaucoup et entraîner à distance me semblait relativement complexe. En effet, quand j’entraîne un athlète, j’ai besoin de proximité et d’un suivi quasi-quotidien pour réajuster les exercices et la charge  d’entraînement. Avec Fanny, notre relation « interactive », vidéos à l’appui, est vraiment optimale. Son sérieux et sa régularité nous permettent de fonctionner parfaitement, même à distance. C’est une relation d’une incroyable richesse, basée sur une grande confiance mutuelle.

Quelles sont les qualités que vous appréciez l’une chez l’autre ?

C. A. : Fanny a énormément de talent en escalade. Elle est intuitive, très technique, optimise chaque placement. Quand elle grimpe, tout en finesse et en souplesse, on croit toujours que le bloc est facile. C’est souvent loin d’être le cas. En tant que coach, je ne peux que saluer son sérieux dans l’entraînement, sa compréhension rapide des exercices proposés et sa détermination sans faille, tout en étant toujours très réceptive. Fanny est une jeune femme qui sait où elle va.

F. G. : L’approche de Cécile Avezou est très complète. C’est une personne qui se remet beaucoup en question. Quand quelque chose ne fonctionne pas dans ma grimpe, elle décortique, essaye de comprendre, imagine une situation et nous partons tout de suite dans le concret. J’aime beaucoup cette spontanéité. Ça met du fun dans l’entraînement. Avec Cécile, on évite les longs discours qui tournent en rond et on avance directement sur le mur. On essaye en vrai, on met en applications et on va directement à l’essentiel, toujours avec un esprit positif et ludique. L’entraînement prend de la couleur. Cette optimisation de mes entraînements m’a appris à éviter le piège du surentraînement. Elle est très vigilante sur la question de la charge de travail. Ne pas en faire trop et trouver le juste milieu. Cette année, j’ai l’agréable sensation d’avoir passé un cap, débloqué des choses, et surtout d’avoir gagné de la confiance en moi.

S’il fallait un bilan de cette relation ?

C. A. : Fanny Gibert est une athlète d’exception pour laquelle aucun protocole d’entraînement ne peut être appliqué. On invente et on ajuste tous les jours pour coller parfaitement à ses besoins. Avec elle, partage et niveau d’exigence sont toujours au rendez-vous. C’est vraiment un bonheur de l’entraîner.

F. G. : Cette relation de confiance s’est immédiatement installée chez nous. Nous nous renvoyons mutuellement des ondes positives et ça marche bien. J’ai la sensation d’avoir progressé dans tous les styles et je l’en remercie. Cette saison, j’ai la sensation que tous les blocs des finales de Coupe du monde sont à ma portée, et j’ai bien hâte d’aller taquiner les Japonaises à domicile ce week-end.