Se licencier Pratiquer

Ces petits bouts de planète

Le 7 juin 2018

– Comment a germé l’idée de ce tour du monde ?

 » C’est un rêve de gamine qui s’est ancré en moi durant toutes mes années de compétitions internationales. Né d’une certaine frustration de n’avoir jamais vraiment pu profiter de toutes les destinations. Nous avons commencé à en discuter avec mon compagnon Josh Larson, alors que nous réfléchissions à « l’après » de mon doctorat. Nous l’avons pensé comme une idée folle et utopique qui ne tenait finalement qu’à un premier départ. Nous nous sommes rendu compte qu’il fallait construire sérieusement le projet, mais que cette  » évidence  » était envisageable. Et puis un jour, nous nous sommes lancés. Peut-être qu’en cela, le plus difficile était accompli. « 

– Pourquoi 18 mois ?

 » En faisant la liste des pays dans lesquels nous voulions aller, en les mettant bout à bout avec les bonnes périodes de l’année, le trip devait durer trois ans. Mais notre volonté de ne pas rester trop longtemps à l’écart de nos milieux professionnels respectifs, nous avons dû faire des choix, et avons réduit la liste et la durée des destinations. Cependant, nous restons ouverts aux opportunités qui se présenteront. Il est donc probable que l’aventure se prolonge un peu au-delà des 18 mois.  » 

– Qu’est-ce qui a motivé vos choix de destination ?

 » Nous avons visé des destinations de grimpe dont les lieux nous faisaient rêver et/ou qui étaient peu connus. Au-delà de quelques belles lignes techniques, un premier objectif me tenait à cœur : celui de la haute montagne. Une pratique que j’ai abordée avant l’escalade, mais que j’ai dû laisser de côté en m’investissant dans la compétition. Au moment de nos choix, une seconde pratique occupait également mes pensées : celle de développer de belles voies. A l’image de ces bijoux de lignes qui ont imagé mes apprentissages et mon expérience, dans l’esprit visionnaire et respectueux de quelques-uns de mes aînés-ouvreurs. Pour se faire, nous avons  arrêtés 18 destinations éparpillées sur tous les continents : Grèce, Serbie, Australie, Nouvelle-Zélande, Tasmanie, Puerto-Rico, Brésil, Pérou, Alaska, Madagascar, Afrique du sud, Namibie, Tanzanie, Maroc, Népal, Chine, Japon, Vietnam. En ce moment, après être passés en Europe et en Océanie, nous sommes allés à Puerto-Rico, une île où nous sommes déjà allés à plusieurs reprises. Le potentiel y est énorme et nous avons encore beaucoup à y développer en voies et en blocs. Puis il y a eu le Brésil et le Pérou. En ce moment même nous nous offrons un petit temps de repos à la maison. Deux ou trois semaines avant de repartir pour une année de voyage. « 

– Quelles sont les difficultés principales  dans l’élaboration d’un tel projet ?

 » Jusqu’à maintenant, je ne peux pas parler de difficulté. Car je pense que l’on ne rencontre que la difficulté que l’on craint. Pour ce projet, il a fallu du temps et de la motivation. Nous nous sommes surtout bien préparés pour éviter les problèmes au maximum. Avant le départ, nous avons passé presque un an à tout organiser et avoir un calendrier qui tienne la route. Nos critères : saisons, objectifs, visas, vaccins, pharmacie, budget, déplacements, risques, logements, nourriture, matériels spécifiques, infos locales, autorisations, contacts et partenariats, etc. Evidemment, le financement de ce long projet est un sujet réel. « 

– Quelles ont été vos ressources pour financer ce projet ?

 » Nous avions capitalisé un début de financement depuis quelques années, chacun de notre côté dans la perspective de quelque chose de singulier. Dans le présent, l’un comme l’autre, nous avons la chance de pouvoir compter sur le sérieux et la fidélité de nos partenaires personnels. Petzl a été séduit par l’idée de ce Rock Trip et accompagne en partie ce projet, jusqu’à des soutiens matériels et logistiques. De plus, suite à des projets précédents, nous étions en contact avec EpicTV, intéressé par le projet de ce tour du monde. Nous réalisons pour eux des vlogs hebdomadaires, via notre société de média Cold House Media. « 

– Qu’avez-vous déjà tiré comme enseignement des premières destinations ?

 » La chose la plus évidente que nous ayons notée depuis notre départ, c’est l’engouement des grimpeurs locaux à nous recevoir chez eux. En Serbie, par exemple, nous avons beaucoup partagé de nos cultures et expériences de grimpeurs avec la petite communauté grimpante. Josh étant un ouvreur référent aux Etats-Unis, et moi-même ayant une représentation avertie de la difficulté technique au féminin, nous avons partagé notre savoir-faire dans l’ouverture d’un championnat dans une salle de Melbourne. Ainsi, pour chaque destination, nous avons apporté notre vision de l’escalade sous toutes ses formes et notre expérience de l’entraînement. Nous y avons coaché des entraînements de groupes et partagé nos vidéos de grimpe, générant à chaque fois une émulation bien intimiste. Etant suivis via internet et les réseaux, l’effet boule de neige est lancé. Nous sommes attendus un peu partout, avec sympathie et complicité. Comme si chacun de nos hôtes d’une journée s’offrait un petit bout de notre voyage. « 

– Après neuf mois de voyage, comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

 » Il y a tellement d’opportunités pour nous régaler, pour nous épater de ce que produit la nature, pour nous gaver de toutes les pratiques de l’escalade, que nous en sommes toujours à ouvrir grands les yeux. Chaque pays possède sa propre culture et ses singularités dont nous nous imprégnons volontiers. Nous sommes plus qu’heureux dans cette aventure commune, et profitons de chaque instant, motivés par tout ce qui se présente à nous. De plus en plus de monde nous suit, via notre site internet, les réseaux sociaux, les vlogs ou encore nos vidéos par destination. Nous sommes ravis de pourvoir partager et faire découvrir ces petits bouts de planète qui nous font l’honneur de nous accueillir sur leur sol. « 

Plus d’infos :

Le site du voyage : aworldlesstraveled.com

Les vlogs sur EpicTV : epictv.com/users/cold-house-media#videos

Les vidéos par destination : vimeo.com/coldhousemedia