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Des grimpeurs français triomphants en 2017/2018, avant une prochaine saison pleine de promesses

Le 3 décembre 2018

Anouck Jaubert, du doute au sacre 

Elle était inquiète, Anouck Jaubert, quand à l’issue du Championnat de France de vitesse, elle n’accédait qu’à la deuxième marche du podium. Pour la leader mondiale de la discipline, vainqueur de la Coupe du monde 2017, le doute s’installait : « Dans ma volonté de m’engager dans le combiné olympique, j’avais consacré mon début de saison à l’entraînement en bloc et en difficulté sur les premiers mois de l’année. Passer à côté du titre national m’a secoué. Il a fallu attendre quelques semaines pour que je reprenne confiance en mon escalade de vitesse. » Sur la première étape de la Coupe du monde de Moscou (RUS), Anouck Jaubert décrochait l’or. De quoi rassurer la jeune femme qui signait par la suite une excellente saison. Avec trois victoires en Coupe du monde, une médaille d’argent, deux de bronze, et un record du monde, Anouck Jaubert remportait le classement général de la Coupe du monde 2018 avant même d’avoir disputé la dernière étape.

« Cette année, j’avais deux objectifs : continuer à être la meilleure en vitesse, tout en m’engageant dans le combiné olympique. Côté vitesse c’est pour moi vraiment positif, et ce malgré les modifications profondes que j’ai faites à l’entraînement. Le bilan est plus mitigé pour le combiné. Mon entraînement n’a pas payé tout de suite mais je commence à sentir des progrès, en témoigne ma victoire sur le Championnat de France du combiné. » Anouck Jaubert s’est tout de même octroyée trois semaines de repos. Une coupure totale, indispensable pour le corps et le mental. Aujourd’hui, la jeune femme est à nouveau sur les bancs (de musculation). Les fêtes de Noël ? « Non, je ne pense pas vraiment m’arrêter. Les premières compétitions sélectives commencent tôt cette année. »

La consécration de Bassa Mawem

En décrochant sa première victoire en Coupe du monde en début de saison à Taï’an (CHN), Bassa Mawem annonçait la couleur d’une année extraordinaire. Une autre médaille, de bronze cette fois-ci, venait le conforter à Chamonix. Puis, en septembre dernier, Bassa Mawem s’offrait le titre de vice-champion du monde, faisant encore monter d’un cran son niveau d’excellence. A Xiamen, sur la dernière étape de la Coupe du monde, le Français décrochait l’or à nouveau. Une médaille qui lui offrait la victoire sur le classement général de la Coupe du monde de vitesse 2018. « Ce fut une année incroyable pour moi. Mon rêve s’est réalisé, confiait l’Alsacien dans le dernier Grande Voix . Tourné vers l’avenir, Bassa Mawem nourrit encore de grands projets  « Je dois encore battre le record du monde, monter sur la première marche des Championnats du monde et, surtout, réaliser mon principal objectif pour la saison prochaine : me qualifier pour les Jeux Olympiques de Tokyo. »

Romain Desgranges sur des montagnes Russes émotionnelles

Si Romain Desgranges réalisait une nouvelle saison couronnée de succès, c’est peut-être la désillusion de son déclassement aux Championnats monde d’Innsbruck qui marquait l’année 2018 pour le public de Romain Desgranges. A moins que ce ne soit cette malencontreuse contre-performance lors de l’étape de Coupe du monde à Chamonix, où le Français tombe à la 27e place du classement, à domicile. Et pourtant, son regard positif sur cette saison apporte un autre éclairage. « Le bilan de cette saison a été compliqué pour moi, confie Romain Desgranges. Quand j’avais le nez dans ma saison, l’année me paraissait plutôt négative. L’alternance de bons résultats et de lourdes déceptions s’est avérée très difficile à gérer. Mais en prenant un peu de recul, je me suis aperçu que j’avais décroché quatre médailles cette année : deux d’argent, une d’or et le bronze au classement général. En toute objectivité, c’est donc bien une des meilleures saisons de ma carrière. Moins bonne que l’année dernière, frustrante et décevante à des moments, mais qui se termine bien. Je signe tout de même ma 3e année consécutive sur le podium du classement général de la Coupe du monde. »

Depuis cette médaille à Xiamen (CHN), le Chamoniard est au repos. Enfin un repos à la Romain Desgranges : « J’avoue que je grimpe encore quasiment tous les jours, mais sans optique d’entraînement. Pour le fun ou le boulot. Je vais prendre vraiment dix jours de vacances, sans grimper, sans aller au gymnase, pour vraiment reposer le cerveau et le corps et reprendre les entraînement bien frais, après les fêtes de Noël. » L’année prochaine, Romain reste focalisé sur la difficulté : « Je m’y prépare à 99,9%. J’avoue faire de temps en temps un peu de vitesse, histoire de connaître un peu la voie si j’estime avoir la possibilité de jouer un coup de poker au combiné. » 

Un cap de franchi pour Fanny Gibert

Cette année a été marquée par la régularité pour Fanny Gibert. La bloqueuse confie elle-même avoir franchi un cap. Une médaille de bronze en début de saison, cinq finales sur sept étapes, dont deux qui se sont terminées au pied du podium. Cette régularité exemplaire a conduit Fanny Gibert à la 3e place du classement général de la Coupe du monde de bloc 2018. « C’était mon objectif cette année. Etre régulière en finale. C’est vrai que j’aurais aimé concrétiser plus de podiums mais me rendre sur chaque étape en sachant que le podium était à portée, reste une sensation extraordinaire. Le travail finit par payer, et je sais que ce n’est qu’un début. J’ai hâte que la prochaine saison débute, pour faire encore mieux. » Une petite pause de trois jours après le Championnat de France du combiné, histoire de « marquer le coup et de savoir qu’on passe à autre chose », et Fanny reprenait déjà un premier cycle de préparation physique. Pour l’année prochaine, la Française conserve ses objectifs en bloc mais va continuer de s’entraîner en vitesse et en difficulté pour espérer se qualifier pour le combiné olympique.

La révélation Manon Hily

Bien qu’elle n’ait pas fait de podium à l’international, Manon Hily a su s’illustrer cette année par sa régularité et sa polyvalence. Inconnue du circuit international de difficulté, la jeune femme a bluffé les meilleures de la discipline en prenant la 4e place de la première étape de la Coupe du monde de difficulté. « Passer de la catégorie jeune à la catégorie senior fut un moment très difficile pour moi. Associer des études supérieures et le début de la vie professionnelle à l’entraînement m’a obligé à me poser des questions sur la place de la compétition dans ma vie. Ce n’est que l’année dernière, quand j’ai commencé à travailler, que j’ai eu envie de reprendre la compétition. » Sélectionnée en 2017 en équipe de France de bloc, Manon Hily a fait le choix de s’investir en difficulté l’année suivante. « Cette première sélection en équipe de France senior, fut l’événement qui m’a donné confiance en moi. Mais cette saison de bloc m’a aussi permis de comprendre que je voulais en réalité m’épanouir en difficulté. Le bloc et la difficulté sont compatibles et complémentaires, alors je suis partie dans la saison nationale de bloc. »

Une saison qui fonctionne, puisque Manon Hily gagne deux étapes de la Coupe de France de bloc et remporte le classement général avant de devenire vice-championne de France. « Quand toute la réussite est de ton coté, les blocs semblent être là pour toi. Mon physique n’avait pas de limites, mon mental était béton et le plaisir au maximum. » Fidèle à ses objectifs, Manon Hily s’engage ensuite dans le circuit national de difficulté. Sa victoire au classement général de la Coupe de France et son titre de vice-championne de France la propulse en équipe de France senior sur la première étape de Coupe du monde. Une 4e place à Villars (SUI), puis sur le classement général confirme le haut niveau de la Française. « J’ai acquis beaucoup d’expérience cette année, je me sens vraiment à ma place

En clôture d’une longue saison, Manon Hily prenait son dernier podium au Championnat de France du combiné. Une médaille de bronze qui marquait le début de deux petites semaines de repos. « Cette année, je compte m’investir à fond pour le combiné olympique. » Au menu : augmenter le niveau en difficulté pour faire partie des meilleures au niveau international, progresser en vitesse et faire plus de spécifique en bloc.

L’année 2019 s’annonce pleine de promesses.