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Hélène Janicot et Manu Cornu, champion(ne) de France 2019 de difficulté

Le 9 juin 2019

Finales femmes, quand l’expérience prime sur la jeunesse

Les femmes ouvraient les finales de ce Championnat de France de difficulté 2019. C’est l’Italienne Ilaria Scolaris, étudiante à Voiron et licenciée au club Escalade Voiron alpinisme, qui s’élance en premier dans une voie de finale qui s’annonce particulièrement intense. La jeune femme chute à mi-voie, au niveau d’un passage de bloc. Juste après elle, Marine Girardet (ES Massy) s’engage à son tour pour aller deux petits mouvements plus loin que l’Italienne.

Quand Nina Arthaud (CAF La Roche Bonneville) commence à grimper, une autre ambiance s’empare du public. Cette jeune compétitrice, junior 2e année et médaillée de bronze, l’année dernière sur les Championnats du monde jeunes, évolue sur le mur avec rythme soutenu. Déterminée, elle va bien plus loin que les deux premières concurrentes, mais fait une petite erreur de placement de pied à deux mouvements du bac final et chute.

Le regard de Léna Grospiron (Tournefeuille altitude grimpe) en dit long sur sa détermination. Il s’agit d’un des plus petits gabarits de cette finale femmes. Pour compenser, elle fait preuve de plus de puissance et d’engagement. Sans perdre de temps à des hésitations, la jeune femme avance très vite jusqu’au passage où a chuté Nina Arthaud. Commence alors pour elle un beau combat pour trouver le bon placement. Elle va jusqu’au bout d’elle-même sans parvenir a trouver l’issue de ce dernier passage avant le bac final. Son combat est néanmoins récompensé par la médaille de bronze.

Camille Pouget, sacrée Championne de France cadette la semaine dernière est la compétitrice qui mène la plus belle bataille contre elle-même sur cette compétition. Arrivée au même niveau que Léna Grospiron, elle tente à son tour d’élucider le passage.Tremblante, malmenée par la voie, elle ne lâche rien, continue d’essayer, continue d’avancer. Le jeté final fait vibrer la salle, la jeune femme s’empare du top de la voie à 10 secondes du temps imparti. « A la fin, je n’avais plus que le mental qui me tenait. En attrapant le bac final, j’ai été envahie par une incroyable émotion », confie la jeune femme, émue aux larmes.

Mais rien n’est encore joué, deux grandes compétitrices sont encore en isolement. Finaliste en Coupe du monde et médaillée à deux reprises en Championnats du monde jeunes, Nolwenn Arc est une prétendante sérieuse à ce titre national sénior qu’elle a déjà remporté à ses 16 ans. Mais la jeune femme manque d’engagement dans un mouvement dynamique à la mi-voie.

Hélène Janicot (Escalade Voiron alpinisme) est la dernière à s’élancer, c’est sans aucun doute la grimpeuse qui a le plus d’expérience en terme de haut-niveau, mais certainement aussi celle qui cumule le moins de préparation physique. Passée entraîneure au Pôle France olympique de Voiron en début d’année, elle a fait le choix de s’engager dans cette compétition juste pour le plaisir, avant de se lancer dans sa saison internationale d’ouvreure. Bien lui en a pris, puisqu’elle enchaîne la voie en moins de 5 minutes et s’offre le titre national avec une belle aisance. « Je ne peux pas dire que je suis partie très zen dans cette voie, la victoire me tenait vraiment à cœur et je savais qu’elle était accessible. Cela dit, je suis mal partie dans cette voie, mais il faut avouer que les enjeux pour moi ne sont pas les mêmes, en étant moins stressée, j’ai pu utiliser mon potentiel au maximum. J’avais bien lu et j’avais encore de la rési pour rester lucide jusqu’au bout de la voie. » Hélène Janicot va maintenant ranger ses chaussons et reprendre sa casquette d’entraîneure.  

Bréanne Robert (ASPTT Nantes) participe à sa première finale en Championnat de France et se classe 5e. Kenza Slamti (AS Grimper), zippe d’une main sur des volumes plats et termine 8e.

 

Le hold up de Manu Cornu

La voie des hommes est relativement courte et typée bloc par rapport au standard habituel des finales de Championnats de France. Un profil idéal pour un hold up de bloqueurs. C’est effectivement bien ce qui va se passer. Manu Cornu est en forme, certes, mais c’est surtout sa fougue, légèrement insolente et insouciante qui le propulse, ce dimanche soir, en tête de ce Championnat de France de difficulté 2019.

Dès le début de la voie, le grimpeur de Block’Out Centre Essonne enchaîne les mouvements dynamiques. Tel un chat, il fait fi des petites prises et choisit de shunter une boucle à mi-voix. Il en profite même pour s’offrir un petit repos face au public avant de repartir bille en tête vers le sommet. L’économie de mouvements est précieuse pour le jeune homme qui vient d’achever sa saison de bloc. Une stratégie qui le mène le plus haut dans cette voie qui restera indomptée.

A ses trousses, un de ses partenaires d’entraînement, le jeune Adrien Lemaire (Block’Out Centre Essonne), senior première année. Très rapide sur son début de voie, il offre au public un repos intégral tête en bas, suspendu par les pieds sur un volume, avant de prendre lui aussi l’option de shunter la boucle, ce qui lui sert la médaille d’argent de ce Championnat de France sur un plateau.

« Cette victoire est incroyable pour moi, c’est vraiment un hold up oui, ce shunt, j’en ai parlé en isolement avec les autres. Ils n’avaient pas l’air chaud, mais moi, je n’avais rien à perdre, je trouvais ça fun, alors j’ai tenté. Ce n’est pas pour autant que je suis vraiment prêt à aller jouer en Coupe du monde de difficulté. Il me reste encore beaucoup de choses à travailler, mais c’est sûr que ça donne confiance ! », confie le nouveau champion de France de difficulté.

Finalement, le seul spécialiste de la difficulté de ce podium, c’est le jeune Alistair Duval. Sacré champion de France junior la semaine dernière à Marseille, le jeune homme prend l’option de la boucle la plus longue, se bat comme un lion pour aller toper juste en dessous d’Adrien Lemaire. Une belle prestation pour le junior qui a beaucoup gagné en maturité depuis son entrée au Pôle France de Voiron : « J’avoue qu’aujourd’hui, j’arrive a vraiment resté concentré. Dès que je mets les mains sur les prises, je suis à fond dans mon escalade. »

Nao Monchois avait fait un parcours sans faute jusqu’à cette finale. Très appliqué et propre dans son escalade, il perd quelques plumes dans la fameuse boucle et ne parvient pas à accrocher le podium. Il termine 4e.

Hugo Parmentier et Emilien Casado, le local de l’étape et le cadet de cette finale masculine se classent respectivement 5e et 6e.

La cruelle histoire de cette finale, c’est la zipette de Romain Desgranges (Club des sports de Chamonix). Un pied qui glisse dans la boucle à mi-voix et le leader français de la discipline se retrouve dans son baudrier, pour une amère 7e place. Enfin, Damien Bocket termine 8e de cette finale masculine.

 

Podium femme

1 Hélène Janicot (Escalade Voiron alpinisme)

2 Camille Pouget (Tournefeuille altitude grimpe)

3 Léna Grospiron (Tournefeuille altitude grimpe)

 

Podium homme

1 Manu Cornu (Block Out Centre Essonne)

2 Adrien Lemaire (Block Out Centre Essonne)

3 Alistair Duval (CAF La Roche Bonneville)

 

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