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Confidences de Manu Cornu suite à sa victoire à Chongqing

Le 2 mai 2019

Manu, comment te sens-tu, quatre jours après cette victoire sur l’étape de Coupe du monde de bloc à Chongking ?

Je me sens très bien, heureux et fier. J’avoue être également un peu fatigué. Entre le décalage horaire et la fatigue accumulée dimanche dernier au niveau physique, nerveux et psychique, le corps a besoin de temps pour se remettre.  Mais aujourd’hui je suis focalisé sur la prochaine étape, qui commence demain avec la vitesse puis s’enchaîne samedi et dimanche avec le bloc. Concernant cette victoire, je préfère attendre mon retour en France pour savourer ma médaille d’or. Car ce week-end, je vais avoir besoin d’être encore très concentré, au risque de terminer 45e (rires). Néanmoins, cette médaille d’or en Coupe du monde nous prouve, à moi et au reste de l’équipe de France, que la victoire est à notre portée. Personnellement, je savais que c’était possible de gagner. Mais je pense à Alban et Micka, avec qui je grimpe régulièrement et qui sont tout aussi forts que moi à l’entraînement. Eux aussi ont le niveau de gagner une Coupe du monde, ils doivent juste trouver leurs réglages. 

Comment prends-tu cette victoire aujourd’hui ?

Je pense qu’elle arrive à un moment où je suis prêt. J’avais terminé 7e sur la précédente étape. Je suis régulier ces derniers temps dans mes performances. Je me sens bien, très en forme. Je sais que je monte en puissance. C’est vrai aussi que le scénario, sur cette finale, a tourné à mon avantage : Deux blocs qui me correspondaient assez bien, une petite erreur de Tomoa Narasaki (argent), mais finalement, c’est dans le bloc 2, celui qui collait le moins avec mes qualités, que je me suis le plus appliqué et que je réalise le run parfait qui me mène à la victoire. Je sens qu’aujourd’hui tout est possible !

Quelle est ta stratégie pour les prochaines compétitions ?

Ha ha, je ne peux pas la révéler. Tout est très secret, car cette année, chaque résultat en Coupe du monde est susceptible de nous offrir une qualification pour le TQO, le tournoi de qualification olympique qui se tiendra à Toulouse en novembre prochain. Tous les athlètes sont à l’affut de ce que fera l’autre pour décider de participer ou non à une étape supplémentaire. Il faut dire que du fait de la multiplication des résultats, une médaille d’or correspond à un calcul en moins. Ce n’est donc pas négligeable. Néanmoins, j’évite de me perdre dans ces mathématiques, car mon plan d’attaque numéro 1 c’est de me qualifier dès les Championnats du monde de Tokyo, cet été. Donc, cette victoire en Coupe du monde ne devrait pas me servir pour décrocher mon ticket pour les JO. Mais, il faut avouer que c’est une belle opération pour mon plan B (rires).

Qu’est-ce qui a changé ces dernières années pour toi en matière d’entraînement ?

Je me suis énormément investi ces deux dernières années au niveau de la charge d’entraînement. Cet investissement m’est possible grâce à mon employeur : l’Armée de Terre. Je suis en effet, depuis 2017, un soldat de l’Armée des Champions, un dispositif qui soutient les sportifs de haut niveau. Mon job, c’est de défendre le drapeau français sur le terrain des compétitions et de véhiculer des valeurs qui sont communes au sport et à l’armée. Je suis donc mis à disposition par l’Armée de Terre pour mon entraînement. Mes responsables ont mon planning quotidien entre les mains. C’est une situation pérenne sur le plan financier, qui me permet de n’avoir plus qu’à penser à mon entraînement. Je suis également accompagné par trois autres partenaires. Block’Out, qui est aussi mon club et un partenaire important sur le plan financier, ainsi que Béal et Scarpa, qui me soutiennent au niveau matériel et financier. Sachant que j’utilise beaucoup de matériel au cours d’une année de compétition, dont une trentaine de paires de chaussons, ils représentent une aide non négligeable.

Comment se présente la prochaine étape pour toi ?

Je suis très motivé pour réitérer ma performance sur l’étape de bloc. Mais pour la vitesse, je suis un peu mitigé. J’hésite encore à prendre le départ de cette épreuve demain matin. Cela dépendra de ma nuit et de l’avis des coachs. Ce n’est qu’une question d’économie pour le bloc, car j’ai beaucoup progressé ces derniers temps en vitesse. Ma quatrième place sur le Championnat de France et mes runs sous les 7 secondes lors de la précédente épreuve de Coupe du monde me prouvent que je progresse. Mon record à l’entraînement est de 6’’32. J’aimerai le reproduire en compétition, mais peut-être que je vais attendre l’étape suivante, à Villars (SUI), en juillet prochain.

J’en profite pour remercier toutes les personnes qui m’ont soutenu suite à cette victoire. J’ai reçu beaucoup de messages, ça fait chaud au cœur. Enfin, cette année, le reste de l’équipe de France et son staff sont un soutien particulièrement précieux. Je les ai bien entendus tout au long de la finale, c’était dément. Bref, cette victoire est une première en Coupe du monde et je compte bien ne pas m’arrêter là.