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La FFME soutient les femmes touchées par le cancer du sein

Le 11 décembre 2017

 « Pratiquer régulièrement une activité physique est bénéfique à votre santé ». En matière de prévention, ce message est bien passé. On sait aujourd’hui que la pratique sportive est également en passe de devenir un nouvel élément de l’arsenal thérapeutique dans le cas de maladies installées.

Il aura néanmoins fallu attendre le 27 novembre 2015 pour que soit votée une loi qui reconnaisse l’activité physique et sportive comme un facteur de santé. Cette loi investit les fédérations sportives d’une mission supplémentaire : le sport comme facteur de santé, avec possibilité de prescription médicale d’une activité physique aux patients porteurs d’affections de longues durées (pathologies cardiovasculaires, troubles nutritionnels, déficits neurologiques, cancers).

Le sport sur ordonnance

Répondant à la demande conjointe des Ministères des sports et de la santé, la FFME a installé un comité sports-santé chargé d’évaluer les bénéfices de nos disciplines en termes d’amélioration de la santé.

 « Le comité sport santé de la FFME a choisi de cibler son action sur la prise en charge après cancer du sein par l’escalade, explique le médecin fédéral Pierre Belleudy. Nous avons fait ce choix pour plusieurs raisons :

Nous souhaitions soutenir les femmes car notre fédération comporte 46% de licenciées féminines.

– Nous avons opté pour l’escalade, car elle offre des espaces de pratique sur tout le territoire, et pratiquée en salle, elle n’est pas dépendante de contraintes météorologiques.

– Enfin nous nous sommes orientés sur le cancer, car notre fédération porte la symbolique du grimper plus haut, et de surmonter l’obstacle de la maladie, comme le combat face au cancer.

Sans oublier que nous avions une expérience très positive initiée en Pays de la Loire auprès de l’Institut du Cancer de l’Ouest à Nantes. Expérience qui a reçu le prix de l’innovation thérapeutique, lauréat du club du management du sport remis à l’Assemblée Nationale. »

Ce projet a fait l’objet de longues études scientifiques (18 mois), qui ont été ensuite médicalement validées par un comité scientifique mis en place par les ministères de la santé et des sports. Aujourd’hui, l’escalade comme outil thérapeutique dans les suites d’un cancer du sein bénéficie d’un chapitre dans le Médicosport santé, équivalent du Vidal pour le sport. Il est donc possible pour tout médecin traitant d’établir une prescription de séances d’escalade à une patiente après un cancer du sein. Séances dispensées par un éducateur sportif spécialisé et habilité à cette prise en charge.

« C’est pour cette raison que la FFME a mis en place une formation qualifiante spécifique, poursuit Pierre Belleudy, dont la première édition s’est déroulée en septembre dernier. Quatorze cadres professionnels ou bénévoles de structures affiliées à la FFME sont désormais titulaires de cette certification d’ « éducateur médico-sportif de la FFME ». Ils sont les seuls habilités à mettre en place au sein des ligues et comités territoriaux la prise en charge de patientes en soin de suite après un cancer du sein. Aujourd’hui, quatorze centres en France sont en phase de démarrer cette activité. A Nantes, cela fonctionne déjà depuis quelques temps, le comité des Alpes Maritimes ne devrait pas tarder à démarrer, et voilà un petit mois que le Comité Hautes Alpes s’est lancé à Gap ».

Zoom sur les Hautes-Alpes

Valérie Chauvet est psychomotricienne et Brevet d’Etat d’escalade. Quand elle entend parler du projet Escalade et cancer du sein, elle voit un moyen d’allier le partage de sa passion et son métier de thérapeute, pour une cause qui lui tient à cœur.

En quelques mois, et avec le précieux soutien de Nathalie Fourbet, présidente du Comité FFME Hautes Alpes, le projet est monté. Valérie (à l’image ci-dessous avec ses grimpeuses) assiste ensuite à la formation fédérale des « éducateurs médico-sportif de la FFME » et se lance.

Depuis le 6 novembre dernier, et à raison d’une session hebdomadaire, elle accompagne sept « grimpeuses roses », comme elle les surnomme chaleureusement.

Au menu, 20 séances d’1h30 en salle, et trois séances en extérieur. Les séances sont composées de jeux de confiance et de lâcher-prise, tout en veillant à l’apprentissage des bases de l’escalade en sécurité et acquisition de l’autonomie en cordée à deux en moulinette, le tout en douceur pour partager, s’amuser, se dépasser… 

« Pour chacune, un bilan individualisé est proposé afin d’évaluer les capacités et limitations propres à chacune, mais aussi de connaître un minimum de l’histoire de la maladie et de ses retentissements », poursuit Valérie Chauvet.

Certaines témoignent déjà, au bout de cinq séances, d’avoir gagné en mobilité au niveau de l’épaule, d’autres organisent toute leur semaine autour de leur séance d’escalade, seul rendez-vous hebdomadaire qui ne soit pas « médicalisé ».

« L’ambiance est très agréable, on échange beaucoup de sourires, certaines grimpeuses grimpent très bien, d’autres se sentent libres, et j’ai pu observer un signe qui ne trompe pas : tout le monde est là en avance et repart en retard, bref, c’est très positif, sur tous les plans», se réjouit Valérie Chauvet, qui tient également à remercier les partenaires matériel qui la soutiennent dans cette aventure (Petzl, EB, lunettes Y&Y, Camp et JeGrimpe), ainsi que l’Agence Régionale de Santé et de CNDS qui ont financé sont projet à hauteur de 2 000 euros chacun.

Plus d’infos :

Rapport fédération française Montagne et escalade FFME

Présentation du projet « Escalade et Cancer du sein »