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Micka Mawem et Anouck Jaubert, champions de France du combiné

Le 11 novembre 2018

Deux fratries pour un podium déjà historique. La finale du premier Championnat de France de l’histoire du combiné dans sa déclinaison olympique comptait un scénario à la hauteur de son enjeu. Il ne fallait pas pour autant oublier celui qui fut le plus convaincant durant la journée de qualifications. Alban Levier y marquait les esprits par sa polyvalence sur les trois disciplines du combiné olympique. Aux termes de la multiplication des trois résultats de la journée, le bloqueur se positionnait aux avant-postes du classement provisoire. Derrière, les jeunes Sam et Léo Avezou avaient une nouvelle fois fait la preuve de leur superbe maîtrise des trois agrès de l’escalade. Et parce que l’escalade est parfois une histoire de famille, une autre fratrie avait inscrit deux de ses membres sur la feuille de départ de la finale du jour.

 

Ce dimanche matin, Micka et Bassa Mawem se plaçaient d’ailleurs très vite sur le devant de la scène. Qualifiés tous les deux pour le dernier duel sur la voie du record, ils ont gratifié les 500 spectateurs de Tournefeuille d’un final disputé à la première épreuve du jour. Bassa Mawem tape le premier, « avec une seconde d’avance sur ma performance. C’est aussi l’écart, significatif, qu’il y a entre nos deux records personnels en vitesse. La logique est donc respectée », commentait

avec humour Micka Mawem. « La vitesse est vraiment une épreuve que j’adore. J’ai de vraies qualités et j’ai surtout mon frère, un modèle de grande valeur, qui m’a vraiment aidé à progresser », poursuit le bloqueur.

 

Changement d’agrès pour l’épreuve du bloc. « Je pars toujours plus détendu dans les blocs, c’est ma spécialité. Je ne trouve pas la solution du bloc 2, une ouverture tout en sensations. Mais je fais la différence sur le bloc 4 », commente Micka Mawem. Et quelle différence ! Là où aucun des grimpeurs n’atteint la zone, le Charentonnais a fait se lever la salle en sortant le tracé à vue. Deuxième en vitesse, premier en bloc. La messe était dite avant la fin de l’hospice : à l’issue de l’épreuve de la difficulté, Micka Mawem sera le premier champion de France du combiné olympique. 

 

 

Dans la voie, il ne s’est pas pour autant satisfait de ce résultat. Conquérant, il va chercher la 4e place de cette finale. « Je n’ai jamais été un compétiteur très heureux dans les championnats nationaux. Mon meilleur résultat jusque-là était une troisième place en bloc en 2016. Alors prendre cette victoire, aujourd’hui, a une saveur toute particulière. Cela concrétise tous les efforts entrepris pour faire partie de ce groupe capable d’aller chercher une qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Et cela met un terme à cette série noire sur le circuit national », confie le champion du jour, visiblement ému.

 

A côté de lui sur la boîte, Alban Levier a confirmé sa polyvalence et a prouvé qu’il était lui aussi un des gros potentiels pour la qualification olympique en prenant la médaille d’argent. 4e en vitesse, solide. 1er en difficulté, impressionnant. Malheureusement, sa contre-performance dans son épreuve de prédilection (4e en bloc) le privait du titre national. « Cela un reste plein de promesses. S’il doit encore progresser en vitesse, son niveau en bloc et ce qu’il est capable de montrer aujourd’hui en difficulté, le placent parmi les gros potentiels français sur le combiné », assure Sylvain Chapelle, entraîneur du pôle olympique de l’équipe de France d’escalade.

 

Derrière, le récent médaillé de bronze des Jeux Olympiques de la Jeunesse de Buenos Aires, Sam Avezou, a montré qu’il était capable de tirer son épingle du jeu face aux meilleurs grimpeurs français sur le combiné, malgré son jeune âge (cadet) et s’adjuge le bronze.

 

 

Coup pour coup chez les femmes

La guerre a fait rage chez les femmes ! Entre trois grimpeuses aux spécialités différentes : la grimpeuse de vitesse Anouck Jaubert, la bloqueuse Fanny Gibert et la spécialiste de la difficulté Manon Hily. 

 

Premier round. Il y avait une grande favorite sur la vitesse : la vainqueur du classement général de la Coupe du monde 2018, Anouck Jaubert, a tenu son rang pour aller s’imposer de la tête et des épaules sur Elma Fleuret. Mais elle n’est pas la seule à prendre un bon départ dans cette finale : Fanny Gibert y arrache la 3e place. Un bon présage avant de passer sur sa discipline de spécialité, le bloc.

 

Deuxième round. Sur le fronton, nous étions préparés à assister à une leçon d’escalade de la 3e du classement général de la Coupe du monde 2018. Et Fanny Gibert n’est pas passée à côté de son circuit, loin de là. Dans les blocs, son agilité féline a bluffé le public toulousain. Et si elle termine bien en tête de l’épreuve avec trois blocs en cinq essais, la Réunionnaise n’a pris qu’un essai à la 2e du tour, la jeune Luce Douady, impressionnante de combativité sur le mur ce dimanche.

 

Troisième round. Si Manon Hily (en bronze sur le podium) a largement dominé cette dernière épreuve de la finale, le duel était ailleurs dans la voie de difficulté. Entre Fanny Gibert et Anouck Jaubert, c’était à celle qui montait la plus haut dans le tracé pour aller chercher le titre national. A ce petit jeu, Anouck Jaubert prend le meilleur sur Fanny Gibert (en argent sur le podium), qui s’emmêle les pinceaux en début de voie. « J’ai sorti une finale réaliste qui m’a permis de prendre ce titre. Cela confirme que ma préparation porte ses fruits. C’est également un pied de nez à tous ceux qui estimaient que l’escalade de vitesse n’est pas de l’escalade », assume, malicieuse, la championne du jour. « Mais ce titre n’est pas une fin en soi. L’objectif est la qualification olympique et pour moi, en bloc et en difficulté, la route est encore longue pour pouvoir rivaliser avec les meilleures mondiales. »