Se licencier Pratiquer

Micka Mawem : "tellement heureux d’avoir été à la hauteur des JO"

Le 6 août 2021

Suite à sa 5e place hier, Mickael Mawem revient sur son aventure olympique et nous parle aussi préparation et objectifs à venir.

Es-tu déçu de ne pas avoir terminé sur le podium après une telle prestation en qualifications ?

Bien sûr, comme toutes les compétitions, on visait la médaille. En ce sens, c’est un peu dommage. Mais on visait surtout, et je dis « on » car je parle pour mon frère Bassa et moi, on visait de grimper à 100%. Et ça je pense que je l’ai fait, qu’on l’a fait.

Comment tu analyses ta prestation en finale ?

Côté sportif dans cette finale, ça s’est joué à rien. Il fallait remporter une discipline pour aller chercher une médaille et je suis passé tout prêt en bloc. Mais j’ai montré une belle escalade et je suis content de ça, vraiment. Avoir été à son meilleur niveau au bon moment, pendant les Jeux Olympiques et d’avoir tenu ça du début à la fin, c’est le principal. On a été à la hauteur de l’événement sur ces JO et, vraiment, j’en suis heureux.

Qu’est-ce qui est le plus dur dans cette compétition ?

Physiquement, honnêtement, ça va, je ne suis pas trop entamé. C’est plus psychologiquement que c’est un défi. Tenir le coup pendant cette semaine de compétition ce n’est pas évident.

Quels ont été tes choix pour te préparer à cette échéance ?

Ma tactique a été de préparer uniquement la vitesse et le bloc. A Tokyo, là, c’est la vitesse et le bloc qui me font rentrer en finale. Hier, je fais 3e en vitesse, 2e en bloc. Je ne comptais pas sur la difficulté : aux JO, j’avais autour de moi les meilleurs mondiaux dans cette discipline, je ne pouvais pas rivaliser. Je pense sincèrement qu’on a fait le bon choix, encore une fois, je suis passé à un mouvement d’une médaille.

C’est dur de se dire ça ?

C’est la loi de la compétition : de grands athlètes n’ont pas été en réussite, le Japonais Tomoa Narasaki en tête. Et qui aurait parié sur le podium du jour ? Alberto Gines Lopez qui gagne grâce à la vitesse alors que c’est un spécialiste de la difficulté, Nathaniel Coleman qui fait un bloc de dingue aujourd’hui… C’est une compétition complètement imprévisible. Le seul qui ne me surprend pas, c’est Jakob Schubert : fidèle à lui-même avec sa victoire en difficulté.

Est-ce que la blessure de Bassa et son absence en finale a faussé le jeu sportif ?

L’absence de Bassa sur les murs a changé la donne. Il y aurait eu une première place en moins de disponible s’il avait pu grimper et le podium ne serait sûrement pas le même. Mais si Bassa avait pris la 1ère place en vitesse, je n’aurais peut-être pas été 3e non plus, donc cela ne veut pas dire grand-chose. Le seul pour qui cela a vraiment changé quelque chose, en réalité, c’est pour Adam Ondra. La vitesse, c’est loin d’être son point fort et il prend la 4e place directement grâce au forfait de Bassa. Mais, malgré cela, la réalité du combiné n’a pas suivi cette logique. On l’a vu pendant la difficulté, à mesure que les athlètes grimpaient, on passait du podium à la dernière place dans le classement. De 1er à 5e, de 5e à 3e… En vrai, tout était possible. Tirer des conclusions sur l’absence de Bassa, c’est très hasardeux. La seule chose qui est vraiment dommage, et ça c’est sûr, c’est que Bassa n’ait pas pu grimper jusqu’au bout et exploser son propre record olympique de la veille pour montrer ce qu’est vraiment la vitesse. Parce que là, c’était une finale de non-spécialistes. Vivement Paris pour que le monde voit réellement ce que ce dont sont capables ces sprinteurs du vertical !

Qu’est-ce que les JO apportent à l’escalade sportive ?

Déjà, selon moi, on a enfin atteint le top de ce que la compétition sportive peut nous proposer. Au-dessus des Jeux, il n’y a rien. Le fait d’être au programme des Jeux Olympiques nous a permis de nous professionnaliser. Et quand je dis « professionnaliser », je ne veux pas dire être riche, je veux juste dire gagner notre vie en faisant notre sport. Faut vous dire que jusqu’à mes 26 ans, j’ai vécu avec moins de 500€ sur mon compte tous les mois. On donne tout pour l’escalade, on s’entraine 6h à 8h par jour. Il faut ça aujourd’hui pour être au top niveau. Il faut que l’on puisse vivre de notre sport et je suis content que ça évolue et que les futures générations d’athlètes de haut-niveau en escalade aient de meilleures opportunités pour continuer à élever le niveau.

La suite, c’est Paris 2024 ?

Paris 2024, bien sûr : on savait avant Tokyo qu’on essayerait de se qualifier pour Paris. La blessure de Bassa lui a fait se poser quelques questions mais ses doutes ont été balayés en quelques minutes. C’est à nouveau un gros défi, comme l’était celui des JO de Tokyo, mais on aime les gros challenges. Si on peut représenter la France à la maison, devant nos proches, on serait très heureux. On va prendre quelques jours de vacances quand même, puis ça sera retour à l’entrainement pour moi et à la rééducation pour Bassa après son opération. On a appris énormément en une semaine à Tokyo et dans ce long chemin vers la qualification. En escalade, l’expérience est primordiale. On part avec un plus pour Paris.

Quel va être le programme d’entrainement de retour en France ?

Je vais me concentrer sur le bloc ces prochains temps, il y a les Championnats du monde qui arrivent. Je vais laisser tomber la vitesse, ça me fait un pincement au cœur, honnêtement. J’ai hésité pour Paris entre la vitesse et le combiné. Mais quand j’ai vu que les Coupes du monde se remportent maintenant en 5’20, j’ai lâché l’affaire (rires) : ça sera le combiné. Puis, place à la préparation pour la qualification pour Paris : 2023, ça va arriver très vite.

Vous allez soutenir Anouck aujourd’hui ?

Bien sûr qu’on va soutenir Anouck ! On est trois Français en finale à Tokyo, c’est énorme et on va évidemment la soutenir à 100%. Anouck revient de loin, d’une longue blessure. Elle a réussi à mettre les choses en place avec sa propre méthode dans laquelle elle a cru jusqu’au bout. Honnêtement, nous on se disait, c’est une spécialiste de la vitesse, comme Bassa, elle doit se concentrer là-dessus pour avoir une première place au combiné. Mais elle a choisi de s’entrainer énormément en difficulté et en bloc car elle ne voulait pas juste rentrer en finale, elle vise la médaille. De plus, c’est cette méthode qui lui permet de rentrer en finale grâce à son bon résultat en bloc. Elle a un mental de dingue, franchement tout est possible aujourd’hui !