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Quels projets pour les expéditions des équipes FFME ?

Le 15 juillet 2018

Quels sont les critères que vous privilégiez quand vous choisissez une destination ?

Jonathan Crison :  » Pour le RAP, le caractère exploratoire est l’un des critères prioritaires. Partir en contrée inconnue pour permettre le développement de l’esprit d’aventure fait partie des objectifs du RAP. En revanche, nous restons vigilants à ce que l’engagement présent, qui est inhérent à toute expédition, reste gérable et acceptable pour notre équipe.  La destination doit pouvoir porter un projet d’envergure, avec du challenge, mais il est impératif qu’elle reste réalisable et adaptée au potentiel de l’équipe.  »

Antoine Pêcher :  » Pour les expéditions finales des ENA, nous choisissons des objectifs originaux. Des destinations où il reste de l’exploration à faire et des sommets vierges à ouvrir. « 

Pourquoi choisir des destinations si lointaines?

JC :  » La distance coupe avec le quotidien. Il est généralement plus difficile de se plonger dans une véritable expédition, en autonomie, quand on reste à côté de la maison. Certains styles d’escalade, certaines qualités de rocher et certains types de parois ne se trouvent que dans d’autres endroits du monde, éloignés de nos contrées. Des endroits où bien souvent, la culture de la grimpe est tout à fait différente. L’objectif pour les jeunes du RAP reste d’apprendre et d’élargir leur vison de l’escalade. Pour savoir organiser et conduire une expédition, il faut vivre l’expérience très concrètement. C’est la raison pour laquelle l’expédition de fin de promotion fait partie intégrante de la formation. C’est d’ailleurs à cet objectif final que préparent tous les stages réalisés en amont. À Madagascar, nous avons ouvert une voie de 600m, qui n’a pas d’équivalent en Europe. « 

AP :  » La formation et la préparation à l’alpinisme de haute performance sont les principaux objectifs des équipes ENAF et ENAM. Nous devons donc choisir des destinations qui présentent un maximum d’inconnus à gérer, pour travailler l’adaptation. De la préparation de l’expédition à sa réalisation, nous avons ensuite énormément de paramètres différents à gérer : cartographie, logistique, budget, adaptation à de nouveaux terrains… Comme pour le RAP, l’expédition est le point final du cursus, elle est donc à considérer comme une action de formation complète. Dans un deuxième temps, les images et vidéos que nous en ramenons permettront de faire rêver et de donner envie à des jeunes de pratiquer. L’alpinisme ou l’escalade restent des supports incroyables pour voyager et découvrir la planète d’une manière différente. « 

Comment choisit-on les destinations? 

AP :  » Chaque destination choisie l’a été car elle présentait un caractère original, mais surtout un grand potentiel d’ouverture et d’exploration. A noter que toutes les décisions sont prises en concertation avec les membres de l’équipe. « 

JC :  » Une fois que nous avons trouvé une destination qui réunit tous nos critères, nous réfléchissons en groupe. Nous imaginons ensemble des objectifs, étudions les contraintes et les possibles. Un  projet en appelle souvent un autre. Nous rencontrons d’autres grimpeurs, nous nous documentons, nous rêvons un peu aussi.  « 

Quelles sont les difficultés dans le choix des destinations ?

AP : «  Il faut concilier les disponibilités de chacun, les contraintes budgétaires, les saisons favorables, les lieux intéressants… Bref, une équation souvent compliquée ! Enfin, il est important de souligner l’importance de l’engagement personnel des encadrants. Contrairement à des sports plus classiques, en alpinisme, les encadrants s’engagent de manière très forte sur le terrain, dans des situations potentiellement risquées. Il faut donc s’assurer d’être en très bonne condition physique, qui nous permette d’avoir de la marge par rapport aux jeunes, pour pallier les éventuelles faiblesses et garder du recul pour gérer le projet d’une manière globale. Les profils de personnes compétentes pour encadrer ces équipes sont complexes à trouver. « 

JC : «  Le nerf de la guerre reste le budget. Cette année, les jeunes du RAP ont financé eux-mêmes une partie de leur voyage. Mais la météo  et les difficultés administratives sont également des paramètres à intégrer dans la construction d’un projet.  Enfin, je partage l’avis d’Antoine Pêcher. La responsabilité de ce genre d’entreprise n’est pas neutre. Ouvrir une voie de 600m implique de laisser des jeunes remonter sur des cordes fixes avec des sacs de 80kg, de dormir sur des portaledges à 500 du sol. Gérer des jeunes en autonomie est éprouvant: notre surveillance est de chaque instant, nous n’avons pas le droit à la moindre erreur, à la moindre fausse manip. Dans ces expéditions, notre intégrité physique et celle des jeunes est mise en jeu, chaque jour. Pour nous, encadrants, notre job reste avant tout de veiller à la sécurité de l’équipe, à tous les niveaux et à tous les instants. «