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Retours d’expériences sur le DEJEPS Perfectionnement Sportif mention Escalade

Le 18 juin 2020

La formation DEJEPS Perfectionnement sportif mention Escalade a été créé par l’arrêté du 29 décembre 2011 et publié au JORF du 14 janvier 2012. La FFME est partie enquêter auprès de deux grimpeurs, Pauline Sarrotte et Anthony Norbert tous deux récemment diplômés. Retours d’expériences sur une des formations les plus complètes proposées la fédération.

Pour quelles raisons vous êtes-vous engagés dans le cursus du DEJEPS ?

Pauline Sarrotte : C’est un vieux rêve qui remonte à ma période adolescente. Je grimpais énormément, en compétition et en couenne en extérieur. A cette époque-là, je me voyais travailler dans une salle d’escalade, comme ouvreuse et entraîneure. Bien que mon chemin de vie ait été un peu plus tortueux, j’ai finalement renoué avec ma passion et décidé d’en faire mon métier. C’est à la fois une reconversion professionnelle et un retour aux sources.

Anthony Norbert : Pour ma part, je me suis engagé dans ce cursus après la proposition de professionnalisation de mon club. Une proposition faite après trois années de bénévolat. En effet, jusqu’alors mon club n’avait pas de salarié. Il se reposait sur plusieurs initiateurs SAE, dont moi-même, pour l’encadrement des créneaux enfants. C’est donc le club qui m’a financé cette formation.

Qu’aviez-vous comme diplôme(s)/cursus avant cette formation ?

PS : J’ai passé une licence de Géographie et aménagement du territoire et j’ai également obtenu un permis d’exploitation et l’agrément HACCP pour pouvoir ouvrir et gérer un bar en licence IV (mon dernier travail avant le DE). J’avais toutefois également un diplôme d’initiateur escalade FFCAM.

AN : Avant de me lancer dans cette formation j’avais un BTS informatique qui ne me convenait pas. J’avais vraiment à cœur de travailler avec passion et m’épanouir pleinement dans mon métier en tournant mes priorités sur l’escalade, le développement de mon club et de mon niveau technique.

Aviez-vous une embauche garantie une fois le DEJEPS en poche ?

AN : En effet, en échange du financement de cette formation DE, le club de Graulhet me demandait un engagement pour « au moins 3 ans » dans l’encadrement des créneaux enfants et des cours adulte. J’ai également deux cours par semaine dans une école primaire. C’est cette garantie d’être salarié à la sortie de cette formation qui m’a vraiment décidé à la suivre.

PS : Moi aussi je me suis lancée avec une promesse d’embauche du CAF Prades Canigo. Il s’agissait d’un emploi que j’avais à créer moi-même et pour moi même, dans le cadre de mon projet de DEJEPS. Ce projet comprenait aussi la création d’une SAE de bloc. Un outil de travail dont j’avais besoin pour animer les nouveaux cours.

Comment avez-vous vécu cette formation de DE ?

PS : J’ai de mon côté vécu cette formation intensément ! Il faut dire que je suis une personne passionnée et curieuse. Je me suis donc intéressée à tout, j’ai posé beaucoup de questions et j’ai donc beaucoup appris. Je me suis vraiment sentie à ma place tout au long de cette formation. J’ai particulièrement aimé les modules équipement en extérieur, entraînement et Ressources Humaines. Nous avons noué des liens forts avec les autres stagiaires de ma formation et nous sommes enrichis mutuellement. Au niveau sportif, j’ai alors pu recommencer à m’entraîner comme 10 ans en arrière. J’ai également beaucoup apprécié les rencontres et échanges avec les différents formateurs et formatrices. Le bémol serait les déplacements entre les lieux de stage et de formation, qui ont représenté une grosse charge financière !

AN : Ce fut un peu différent pour moi, surtout au début. En effet, j’ai plutôt mal vécu mon échec lors de mon premier passage pour la validation de la Mise en Situation Professionnelle (MSP). Mais avec l’aide de la promo, j’ai retrouvé un nouvel équilibre et changé ma façon de voir les choses. La deuxième partie de formation s’est passée bien différemment. J’étais alors bien plus enthousiaste, plus heureux d’apprendre, moins stressé avec les échéances et surtout beaucoup moins renfermé sur moi-même. Chaque challenge est devenu une expérience dans laquelle je trouvais du positif. Ce fut une sorte de profonde transformation qui m’a réellement tiré vers haut. Sans ce déclic, je ne serais peut-être pas diplômé aujourd’hui ! 

Combien de temps a nécessité cette formation ?

AN : Alors, sur le papier, la formation est de 1200 heures. Mais en réalité elle nécessite beaucoup de travail personnel (rédaction des dossiers, préparation des épreuves pratiques, préparation des cours pour proposer un encadrement de qualité au club, et bien sûr le projet final qui prend beaucoup de temps de réflexion, sans oublier les trajets. Bref, comme pour Pauline et pour tous les stagiaires, ce fut une année assez intense.

PS : Oui, moi aussi j’ai fait beaucoup plus d’heures, surtout des heures de stage pour mener à bien mon projet.

Quelles ont été les difficultés rencontrées au cours de cette formation ?

AN : La plus grosse difficulté que j’ai eu à surmonter concernait la rédaction des dossiers. Il était difficile pour moi de commencer à écrire un dossier professionnel dès le début de la formation, pour finalement tout trier et hiérarchiser un peu au dernier moment pour être sûr de la véracité de mes propos.

PS : Pour moi, les difficultés étaient vraiment d’ordre logistique et financier, avec l’alternance entre mon lieu de stage dans les Pyrénées Orientales et Voiron. Le coût de mon hébergement sur Voiron et des déplacements a été le plus compliqué à gérer. C’est vraiment à étudier avant de se lancer dans cette formation.

Quelles ont été, à l’inverse les joies et bons moments de cette formation ?

PS :  J’ai adoré la semaine d’équipement extérieur. J’en garde d’excellents souvenirs. Quelle satisfaction que d’achever l’ouverture d’une voie, depuis la purge et le débroussaillage jusqu’au dernier scellement. Ce souvenir est impérissable ! J’en suis ressortie épuisée mais aussi transformée dans mon approche de l’escalade en extérieur, beaucoup plus confiante et avec l’envie d’en faire plus toujours plus ! Mais il y a eu aussi les formations d’entraîneur, la découverte de l’entraînement d’escalade de vitesse, l’accompagnement des jeunes du pôle France sur les championnats de France de bloc et les stages équipes de France avec Corinne Théroux, ainsi que les journées de formation avec Saïd Nouri, qui furent très enrichissantes sur le plan du développement personnel et du management participatif, …

AN : De mon côté, j’ai beaucoup apprécié d’engranger toutes ces connaissances, mais mes meilleurs moments restent ceux vécus avec les autres stagiaires de la promotion. Nous étions vraiment solidaires, c’était très soutenant pour aller au bout de cette formation.

Etes-vous satisfait de cette formation ?

PS : Oui, bien-sûr. D’une part parce qu’elle est professionnalisante, mais aussi parce qu’elle m’a permis de rencontrer des personnes clés dans le réseau de l’escalade.

AN : Oui, moi aussi je suis satisfait de cette formation car j’en ressors plus grand, avec une vision professionnelle de notre métier et un gros bagage technique pour attaquer la prochaine saison. Les intervenants de chaque module avaient leur vision bien à eux de l’entraînement, de l’encadrement et de l’escalade en général. Ce qui m’a permis d’observer plusieurs facettes possibles de ce métier, et de pouvoir choisir celles qui me convenaient le mieux.

En quoi cette formation DE vous aide-t-elle concrètement dans votre métier aujourd’hui ?

AN : Je sens que cette formation m’a aidé pour tout ce qui concerne l’accueil de groupes, l’encadrement et le suivi des groupes entraînement/compétition. Aujourd’hui j’ai gagné en légitimité. Je sais que je propose des contenus de qualité adaptés aux différents groupes sur lesquels j’interviens. Je me sens également capable de monter des projets pour développer mon club, comme la création de stages en milieu naturel.

PS : Cette formation m’a vraiment apporté une large palette de compétences. Elle m’a donné les bases pour être autonome dans la conception de mes propres programmes d’entraînement et donc dans ma capacité à accompagner les autres monitrices et moniteurs dans leurs encadrements. Elle m’a aussi beaucoup appris en termes de savoir être managérial, c’est très précieux dans mon emploi aujourd’hui.

 

Quelques chiffres sur le DEJEPS Perfectionnement Sportif mention Escalade

La FFME a lancé une enquête auprès de ces diplômés afin de mieux connaître leur insertion dans le monde professionnel. Voici quelques chiffres qui ressortent de cette enquête (qui n’est pas encore terminée).

  • 95% des diplômés ont un emploi salarié avec leur DE, dont 71% avec un seul employeur.
  •  81% de ces salariés sont en CDI
  • 52% travaillent dans un club associatif affilié à la FFME et 33% dans une salle commerciale.
  • 96% des répondants n’ont pas d’autres activités professionnelles en-dehors de celle liée à leur diplôme DEJEPS
  • 100% des diplômés travaillent en SAE, et 45% d’entre eux travaillent également en extérieur.
  •  52% des diplômés ont pour projet d’obtenir 1 autre certification dans les activités de la FFME (dont 70% vers le DEJEPS Escalade en milieux naturels et 40% vers le DESJEPS Escalade)